Environ 13 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) du Canada peuvent être attribuées aux maisons et aux bâtiments. Ces émissions découlent principalement de l'utilisation de combustibles fossiles pour le chauffage des espaces et de l'eau. De plus, l'effet combiné de la consommation d'électricité pour le refroidissement, l'éclairage et le fonctionnement d'autres appareils fait augmenter la contribution globale des bâtiments aux émissions de GES à environ 18 %[1]. Les émissions de GES du secteur résidentiel et du secteur du bâtiment pour 2020 sont présentées au tableau 1, qui indique les sources et leur pourcentage de consommation d'électricité.
Secteur | Source | Consommation d'électricité, en % |
Résidentiel | Chauffage des espaces | 64 |
Chauffage de l'eau | 20 | |
Fonctionnement des appareils | 11 | |
Éclairage | 3 | |
Refroidissement des espaces | 2 | |
Bâtiment |
Chauffage des espaces | 65 |
Fonctionnement de l'équipement auxiliaire | 12 | |
Éclairage | 10 | |
Chauffage de l'eau | 7 | |
Refroidissement des espaces | 3 | |
Autres | 3 |
(1) https://oee.nrcan.gc.ca/organisme/statistiques/bnce/apd/menus/evolution/tableaux_complets/liste.cfm
On reconnaît de plus en plus l'importance de lutter contre les changements climatiques et de réduire les émissions de GES dans tous les secteurs, y compris l'environnement bâti. Toutefois, les codes modèles nationaux (« les codes ») ne tiennent actuellement pas compte du type ou de la qualité des sources d'énergie utilisées par les bâtiments et les maisons et n'abordent pas ou ne réglementent pas les émissions de GES opérationnelles et intrinsèques. Alors que l'industrie est à la recherche d'une plus grande efficacité énergétique, les différences entre les sources d'énergie doivent être examinées, car elles contribuent différemment aux émissions de GES. Par le passé, les codes portaient sur les exigences de conception et de construction liées à la sécurité, à l'intégrité structurale, à l'accessibilité et à l'efficacité énergétique. Dans ce dernier cas, les codes mettaient l'accent sur la réduction de la consommation d'énergie pendant les phases de construction et d'exploitation, mais ne traitaient pas explicitement des émissions de GES opérationnelles. Le Canada est également un pays vaste et diversifié, avec des régions climatiques et des pratiques de construction différentes. Cette réalité a entraîné des variations régionales dans la réglementation et les codes du bâtiment, ce qui rend difficile l'établissement d'une approche unifiée pour s'attaquer aux émissions de GES opérationnelles à l'échelle nationale.
Les codes contiennent déjà un objectif d'efficacité énergétique et des exigences connexes visant la conception et la construction de maisons et de bâtiments neufs. Des paliers d'efficacité énergétique ont été introduits dans les éditions de 2020 du Code national de l'énergie pour les bâtiments – Canada (CNÉB) et du Code national du bâtiment – Canada (CNB). Les paliers comprennent des mesures qui augmentent l'efficacité énergétique et réduisent la quantité d'énergie nécessaire à l'exploitation d'un bâtiment de manière progressive. Ces exigences jouent un rôle crucial dans la réduction des émissions de GES en mettant l'accent sur la quantité d'énergie consommée. Toutefois, le Comité canadien de l'harmonisation des codes de construction (CCHCC) reconnaît que les économies d'énergie ne permettront pas à elles seules de réduire les émissions suffisamment pour atteindre les objectifs nationaux énoncés dans le Cadre pancanadien.
D'une province ou d'un territoire à l'autre, les émissions de GES présentent des variations importantes, influencées par des facteurs comme la densité de la population, le climat, les sources d'énergie et les considérations économiques[2]. Les provinces et les territoires dont la population est plus nombreuse, dont l'économie est axée sur les ressources ou qui dépendent fortement des combustibles fossiles pour la production d'électricité affichent généralement des niveaux d'émissions plus élevés. Cela témoigne de la grande diversité du paysage énergétique au Canada.
Ultimement, l'objectif est que les émissions de GES opérationnelles soient nulles ou presque nulles dans l'ensemble des provinces et des territoires d'ici 2050. Les autorités compétentes ont donc besoin d'un cadre souple pour réglementer les émissions de GES dues à l'exploitation des bâtiments, ce que permet le recours à des « niveaux » réduisant progressivement les émissions de GES opérationnelles.
Références
Depuis 2010, le CNB et le CNÉB renferment des exigences visant à prévenir la consommation excessive d'énergie. Bien que ces exigences aient amélioré l'efficacité énergétique des maisons et des bâtiments neufs, les codes n'abordent pas le type d'énergie utilisée ni les émissions associées à la production, à la distribution et à l'utilisation. Par conséquent, de nombreux bâtiments neufs conformes aux codes contribuent aux émissions de GES année après année en raison de leur exploitation. La réduction de ces émissions est une étape importante en vue de l'atteinte des objectifs climatiques. Les changements climatiques constituent le plus grand défi auquel l'humanité est confrontée aujourd'hui; il est donc essentiel que les codes comblent cette lacune pour aider le Canada à atteindre sa cible de réduction des émissions de 40 % par rapport aux niveaux de 2005 d'ici 2030 et la carboneutralité d'ici 2050. De plus, pour atteindre des objectifs climatiques à long terme, il faut prendre rapidement des mesures concernant les émissions de GES opérationnelles. Si le Canada ne s'attaque pas à cet enjeu crucial, les progrès vers l'atteinte de ses cibles de réduction des émissions pourraient être entravés, ce qui compromettrait la capacité de lutter efficacement contre les changements climatiques et de protéger le bien-être futur du pays. L'engagement pour un avenir durable exige la prise en compte exhaustive et urgente de ces émissions.
Pour que ces émissions puissent être réglementées, les concepteurs, les constructeurs et les responsables de la mise en application ont besoin d'un moyen cohérent et précis pour convertir la consommation d'énergie prévue en émissions de GES prévues. À cette fin, les gouvernements et l'industrie utilisent depuis des années des coefficients d'émissions, aussi appelés coefficients ou facteurs d'intensité des émissions. Les coefficients d'émissions décrivent la quantité d'émissions de GES (en kg d'équivalent CO2) par unité d'énergie consommée, par exemple, d'électricité (en kWh), de gaz naturel (en m³) et de mazout de chauffage (en L). Environnement et Changement climatique Canada compile ces données chaque année et publie des estimations dans son rapport d'inventaire national sur les GES au Canada. Les coefficients d'émissions reflètent l'intensité carbonique de différents combustibles ainsi que les différences régionales en matière de production et de distribution d'énergie. Les données sont généralement publiées après deux ans; les coefficients fondés sur les données de 2021 ont été publiés en avril 2023.
Si le secteur de l'énergie du Canada était immuable, ces données suffiraient aux fins de la conception des bâtiments et de l'application des codes. Cependant, les services publics provinciaux, territoriaux et régionaux connaissent actuellement une transition sans précédent. Les services publics d'électricité et de gaz délaissent la production d'électricité à partir du charbon et expérimentent de nouvelles technologies pour réduire les émissions grâce à l'utilisation d'hydrogène et de biogaz renouvelable. On s'attend à ce que ces changements se produisent rapidement; certains services publics provinciaux prévoient réduire leurs émissions liées à l'électricité d'au moins 60 % d'ici 2030. Dans ce contexte, si les codes renvoient aux données les plus récentes actuellement disponibles (2021), ils pourraient favoriser la construction de bâtiments ayant des émissions plus élevées que prévu. Pour cette raison, la présente modification proposée s'appuie sur les meilleures données prospectives disponibles concernant les émissions des services publics et utilise des moyennes pour les années 2031 à 2035. Les coefficients d'émissions prospectifs pour l'électricité proviennent des projections les plus récentes d'Environnement et Changement climatique Canada (2023). Bien qu'aucune projection semblable n'existe actuellement pour les services publics de gaz naturel, de telles projections devraient être disponibles au cours des prochaines années et pourraient être incorporées aux codes à une date ultérieure.
Niveau de performance lié aux émissions de GES | Pourcentage des émissions de GES opérationnelles ciblesMODIFICATION PROPOSÉE Tableau Note de bas de page (1) | Pourcentage d'améliorationMODIFICATION PROPOSÉE Tableau Note de bas de page (1) |
---|---|---|
A | ≤ 10 % | ≥ 90 % |
B | ≤ 25 % | ≥ 75 % |
C | ≤ 50 % | ≥ 50 % |
D | ≤ 75 % | ≥ 25 % |
E | ≤ 90 % | ≥ 10 % |
F | ≤ 100 % | ≥ 0 % |
Province ou territoire | Coefficient d'émissions de GES, en g CO2e/kWh | |
---|---|---|
ÉlectricitéMODIFICATION PROPOSÉE Tableau Note de bas de page (1) | GazMODIFICATION PROPOSÉE Tableau Note de bas de page (2) | |
Colombie-Britannique | 1,32 | 190 |
Alberta | 181,86 | 189 |
Saskatchewan | 146,60 | 185 |
Manitoba | 0,00 | 185 |
Ontario | 57,90 | 185 |
Québec | 0,38 | 186 |
Nouveau-Brunswick | 77,88 | 185 |
Nouvelle-Écosse | 161,64 | 190 |
Île-du-Prince-Édouard | 80,42 | 185 |
Terre-Neuve-et-Labrador | 11,08 | 185 |
Yukon | 25,00 | 190 |
Territoires du Nord-Ouest | 6,82 | 185 |
Nunavut | 465,16 | 190 |
Source d'énergie | Coefficient d'émissions de GESMODIFICATION PROPOSÉE Tableau Note de bas de page (1) | |
---|---|---|
En g CO2e/L | En g CO2e/kWh | |
Diesel | 2690 | 250 |
Mazout de chauffage ou mazout léger | 2755 | 270 |
Mazout lourd | 3176 | 274 |
Propane | 1548 | 218 |
Source d'énergie | Coefficient d'émissions de GESMODIFICATION PROPOSÉE Tableau Note de bas de page (1), en g CO2e/kWh |
---|---|
Eau réfrigérée | 128 |
Eau chaude | 362 |
Vapeur | 383 |
Source d'énergie | Unité | Énergie par unitéMODIFICATION PROPOSÉE Tableau Note de bas de page (1), en kWh |
---|---|---|
Diesel | L | 10,74 |
Gaz naturel | m3 | 10,36 |
Mazout de chauffage ou mazout léger | L | 10,20 |
Mazout lourd | L | 11,59 |
Propane | L | 7,09 |
La présente section décrit l'approche qui a été adoptée pour effectuer une analyse des répercussions des exigences en paliers proposées relativement aux émissions de GES opérationnelles pour le CNÉB. Une approche semblable a été utilisée pour établir les coefficients d'émissions de GES de référence de 265 g CO2e/kWh et de 240 g CO2e/kWh servant à déterminer les émissions de GES cibles pour le chauffage des espaces et le chauffage de l'eau sanitaire, respectivement, dans la modification proposée. Les coefficients d'émissions de GES pour les provinces et les territoires indiqués au tableau 11.1.1.5.-A de la modification proposée ont été utilisés dans l'analyse.
La section suivante montre que les bâtiments conformes au CNÉB 2020 peuvent atteindre différents niveaux de performance en émissions de GES opérationnelles sans coûts supplémentaires, selon le type de chauffage principal et l'intensité des émissions de GES du réseau électrique auquel ils sont raccordés.
Performance en émissions de GES des bâtiments conformes au CNÉB 2020 (scénario de base)
Le tableau 1 montre le pourcentage de bâtiments chauffés au gaz naturel qui sont conformes aux différents niveaux de performance en émissions de GES. Il est à noter que tous les cas présentés au tableau 1 correspondent à des bâtiments qui satisfont aux exigences minimales du CNÉB 2020, de sorte qu'ils sont considérés comme n'ayant pas de coûts différentiels. Comme le montre le tableau 1, la plupart des bâtiments chauffés au gaz naturel qui sont conformes au CNÉB 2020 atteignent le niveau E (pourcentage d'amélioration ≥ 10 %) ou le niveau F (pourcentage d'amélioration ≥ 0 %) sans coûts différentiels. Un petit nombre de bâtiments chauffés au gaz naturel ne respectent pas les exigences relatives aux émissions de GES dans certaines régions, ce qui correspond aux restaurants de service complet qui ont l'équipement de chauffage le moins efficace. Dans la plupart des régions, le pourcentage de bâtiments qui peuvent atteindre le niveau E est plus élevé que le pourcentage de bâtiments qui peuvent atteindre le niveau F, mais pour les bâtiments situés dans des régions desservies par des réseaux à forte intensité d'émissions de GES, c'est le contraire.
Niveau de performance en émissions de GES opérationnelles | Pourcentage d'amélioration | Provinces et territoires (chauffage principal : gaz naturel) | ||||||||||||
Faible intensité d'émissions de GES | Moyenne intensité d'émissions de GES | Forte intensité d'émissions de GES | ||||||||||||
C.-B. | Man. | T.‑N.‑L | T.N.‑O. | Qc | N.‑B. | Ont. | Î.‑P.‑É. | Yn | Alb. | N.‑É. | Nt | Sask. | ||
Niveau A | ≥ 90 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau B | ≥ 75 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau C | ≥ 50 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau D | ≥ 25 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau E | ≥ 10 % | 54 % | 78 % | 72 % | 66 % | 71 % | 50 % | 50 % | 50 % | 50 % | 15 % | 19 % | 34 % | 35 % |
Niveau F | ≥ 0 % | 40 % | 22 % | 25 % | 34 % | 25 % | 47 % | 47 % | 44 % | 50 % | 81 % | 75 % | 66 % | 65 % |
Bâtiments non conformes | < 0 % | 6 % | 0 % | 3 % | 0 % | 4 % | 3 % | 3 % | 6 % | 0 % | 4 % | 6 % | 0 % | 0 % |
Le tableau 2 montre le pourcentage de bâtiments chauffés à l'électricité qui sont conformes aux différents niveaux de performance en émissions de GES. Il est à noter que tous les cas présentés au tableau 2 correspondent à des bâtiments qui satisfont aux exigences minimales du CNÉB 2020, de sorte qu'ils sont considérés comme n'ayant pas de coûts différentiels. Comme le montre le tableau 2, le niveau le plus bas qui peut être atteint par des bâtiments chauffés à l'électricité qui sont conformes au CNÉB 2020 est le niveau E (pourcentage d'amélioration ≥ 10 %). Les seuls cas qui font exception sont au Nunavut, où aucun bâtiment chauffé à l'électricité n'est conforme aux exigences relatives aux émissions de GES opérationnelles (le coefficient d'émissions prospectif pour l'électricité est plus élevé que le coefficient d'émissions pour le gaz naturel). Toutefois, la présente modification proposée permet un assouplissement au paragraphe 11.1.1.4. 5). Le tableau 2 montre également que la majorité des bâtiments raccordés à des réseaux électriques à faible intensité d'émissions de GES (situés en Colombie-Britannique, au Manitoba, à Terre-Neuve-et-Labrador, dans les Territoires du Nord-Ouest ou au Québec) peuvent atteindre le niveau de performance en émissions de GES le plus élevé (niveau A : pourcentage d'amélioration ≥ 90 %) sans coûts différentiels. Par ailleurs, la plupart des bâtiments raccordés à des réseaux à forte intensité d'émissions de GES (situés en Alberta ou en Nouvelle-Écosse) ne peuvent atteindre que le niveau E, et dans certains cas (surtout en Saskatchewan), le niveau D est atteint. Enfin, le tableau 2 montre que la plupart des bâtiments raccordés à des réseaux de moyenne intensité d'émissions de GES (situés au Nouveau-Brunswick, en Ontario ou à l'Île-du-Prince-Édouard) peuvent atteindre le niveau C (pourcentage d'amélioration ≥ 50 %) sans coûts différentiels, certains cas atteignant même le niveau B (pourcentage d'amélioration ≥ 75 %) au Yukon.
Niveau de performance en émissions de GES opérationnelles | Pourcentage d'amélioration | Provinces et territoires (chauffage principal : électricité) | ||||||||||||
Faible intensité d'émissions de GES | Moyenne intensité d'émissions de GES | Forte intensité d'émissions de GES | ||||||||||||
C.-B. | Man. | T.‑N.‑L | T.N.‑O. | Qc | N.‑B. | Ont. | Î.‑P.‑É. | Yn | Alb. | N.‑É. | Nt | Sask. | ||
Niveau A | ≥ 90 % | 100 % | 100 % | 84 % | 100 % | 100 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau B | ≥ 75 % | 0 % | 0 % | 16 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 100 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau C | ≥ 50 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 72 % | 97 % | 69 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau D | ≥ 25 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 28 % | 3 % | 31 % | 0 % | 0 % | 28 % | 0 % | 90 % |
Niveau E | ≥ 10 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 100 % | 72 % | 0 % | 10 % |
Niveau F | ≥ 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Bâtiments non conformes | < 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 100 % | 0 % |
D'après les résultats présentés aux tableaux 1 et 2, il est évident que les bâtiments conformes au CNÉB 2020 peuvent atteindre différents niveaux de performance en émissions de GES opérationnelles sans coûts supplémentaires, selon le type de chauffage principal et l'intensité des émissions de GES du réseau électrique auquel ils sont raccordés. Pour cette raison, aux fins de l'analyse des répercussions, les coûts différentiels doivent être évalués individuellement, car les coûts associés à l'atteinte de chaque niveau de performance en émissions de GES ne peuvent pas être généralisés à tous les cas.
Coûts différentiels des niveaux de performance en émissions de GES
La présente section porte sur l'estimation des coûts associés à la mise en œuvre de mesures permettant aux bâtiments de réduire leurs émissions de GES opérationnelles et, par conséquent, d'améliorer leur niveau de performance en émissions de GES. Le tableau 3 présente les mesures qui ont été considérées pour la réduction des émissions de GES opérationnelles dans tous les types et emplacements de bâtiments évalués. Les sections suivantes montrent les niveaux de performance en émissions de GES que tous les bâtiments peuvent atteindre après la mise en œuvre de chacune de ces mesures, ainsi que les coûts différentiels connexes.
Mesure | Chauffage des espaces – équipement principal | Chauffage des espaces – équipement terminal ou auxiliaire | Chauffage de l'eau sanitaire |
Générateur d'air chaud à haut rendement | Gaz naturel | Gaz naturel | Gaz naturel |
Améliorations de l'enveloppe du bâtiment et générateur d'air chaud à haut rendement | Gaz naturel | Gaz naturel | Gaz naturel |
Améliorations de l'enveloppe du bâtiment | Électricité | Électricité | Électricité |
Générateur d'air chaud à haut rendement (gaz naturel)
Cette mesure concerne les bâtiments qui utilisent le gaz naturel comme principal combustible de chauffage, lesquels, selon le tableau 1, ne peuvent atteindre que le niveau E (pourcentage d'amélioration ≥ 10 %) des niveaux de performance en émissions de GES. Le tableau 4 montre le pourcentage de bâtiments chauffés au moyen d'un générateur d'air chaud au gaz naturel à haut rendement (rendement thermique de 95 %) qui sont conformes aux différents niveaux de performance en émissions de GES. Comme le montre le tableau 4, la mise en œuvre de cette mesure aide à respecter les exigences relatives aux émissions de GES dans tous les cas (il n'y a pas de cas de non-conformité). De plus, cette mesure permet d'augmenter le pourcentage de bâtiments qui atteignent le niveau E (pourcentage d'amélioration ≥ 10 %), tout en réduisant le pourcentage de bâtiments qui se situent au niveau F (pourcentage d'amélioration ≥ 0 %).
Niveau de performance en émissions de GES opérationnelles | Pourcentage d'amélioration | Provinces et territoires (chauffage principal : gaz naturel) | ||||||||||||
Faible intensité d'émissions de GES | Moyenne intensité d'émissions de GES | Forte intensité d'émissions de GES | ||||||||||||
C.-B. | Man. | T.‑N.‑L | T.N.‑O. | Qc | N.‑B. | Ont. | Î.‑P.‑É. | Yn | Alb. | N.‑É. | Nt | Sask. | ||
Niveau A | ≥ 90 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau B | ≥ 75 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau C | ≥ 50 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau D | ≥ 25 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau E | ≥ 10 % | 69 % | 97 % | 88 % | 94 % | 92 % | 63 % | 63 % | 63 % | 91 % | 17 % | 28 % | 79 % | 58 % |
Niveau F | ≥ 0 % | 31 % | 3 % | 13 % | 6 % | 8 % | 38 % | 38 % | 38 % | 9 % | 83 % | 72 % | 21 % | 42 % |
Bâtiments non conformes | < 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Les coûts différentiels du remplacement de générateurs d'air chaud au gaz ayant un rendement de 80 % (soit le rendement typique des prototypes de référence conformes au CNÉB 2020) par des générateurs d'air chaud à haut rendement (rendement de 96 %) ont été estimés à environ 1,29 $/m2, d'après une analyse des coûts différentiels effectuée par le New Buildings Institute (NBI) (voir le tableau 7).
Améliorations de l'enveloppe du bâtiment et générateur d'air chaud à haut rendement (gaz naturel)
En plus de la mesure précédente (générateur d'air chaud à haut rendement), un ensemble de mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment (voir le tableau 5) a été mis en œuvre dans tous les prototypes de bâtiment afin d'obtenir d'autres réductions des émissions de GES opérationnelles. Le tableau 6 montre le pourcentage de bâtiments chauffés au moyen d'un générateur d'air chaud au gaz naturel à haut rendement (rendement thermique de 95 %) et ayant une enveloppe améliorée qui sont conformes aux différents niveaux de performance en émissions de GES. Comme le montre le tableau 6, la majorité des bâtiments atteignent le niveau E dans toutes les régions. Le tableau 6 montre également que la mise en œuvre de ces mesures aide à réduire considérablement le pourcentage de bâtiments qui se situent au niveau F (pourcentage d'amélioration ≥ 0 %), tout en augmentant le pourcentage (jusqu'à 40 % à Terre-Neuve-et-Labrador) de bâtiments qui peuvent atteindre le niveau D. (pourcentage d'amélioration ≥ 25 %).
Mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment |
Réduire le coefficient U des murs à 0,165 W/(m2×K) |
Réduire le coefficient U des toits à 0,11 W/(m2×K) |
Réduire le coefficient U des fenêtres à 1,44 W/(m2×K) |
Coefficient de gain solaire de 0,4 |
Taux de fuite d'air normalisé de 1 L/(s×m2) à 75 Pa |
Niveau de performance en émissions de GES opérationnelles | Pourcentage d'amélioration | Provinces et territoires (chauffage principal : gaz naturel) | ||||||||||||
Faible intensité d'émissions de GES | Moyenne intensité d'émissions de GES | Forte intensité d'émissions de GES | ||||||||||||
C.-B. | Man. | T.‑N.‑L | T.N.‑O. | Qc | N.‑B. | Ont. | Î.‑P.‑É. | Yn | Alb. | N.‑É. | Nt | Sask. | ||
Niveau A | ≥ 90 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau B | ≥ 75 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau C | ≥ 50 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau D | ≥ 25 % | 35 % | 25 % | 41 % | 9 % | 31 % | 22 % | 27 % | 19 % | 3 % | 6 % | 9 % | 9 % | 10 % |
Niveau E | ≥ 10 % | 56 % | 75 % | 59 % | 91 % | 65 % | 72 % | 69 % | 75 % | 94 % | 73 % | 75 % | 81 % | 83 % |
Niveau F | ≥ 0 % | 8 % | 0 % | 0 % | 0 % | 4 % | 6 % | 5 % | 6 % | 3 % | 21 % | 16 % | 9 % | 6 % |
Bâtiments non conformes | < 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Les coûts des mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment sont résumés au tableau 7, qui indique également la source des données utilisées dans l'analyse des coûts différentiels.
Mesure |
Coût | Description | Source | |
$/pi2 | $/m2 | |||
Isolation(1) | 0,06 | 0,65 | Coût de l'isolant en matelas pour les murs et les toits permettant d'augmenter la valeur R de 1 | RSMeans(2), 2023 |
Générateur d'air chaud au gaz | 0,12 | 1,29 | Générateur ayant un rendement de 80 % remplacé par un générateur ayant un rendement de 96 % | NBI(3), 2022 |
Fenêtres à triple vitrage(1) | 2,64 | 28,42 | Fenêtre à triple vitrage mince comparativement à une fenêtre à faible émissivité conventionnelle à double vitrage isolant | PNNL(4), 2019 |
Étanchéisation à l'air | 1,04 | 11,19 | Produit d'étanchéité aérosolisé permettant de réduire le taux de fuite d'air normalisé à 1 L/(s×m2) à 75 Pa | Fournisseur du produit, 2023 |
(1) Le coût est par m2 de produit (isolant ou fenêtre).
(2) RSMeans data from Gordian (2023). « 2023 Building Construction Costs with RSMeans data ». 81e édition.
(3) New Buildings Institute (NBI) (2022). « Cost Study of the Building Decarbonization Code – An analysis of the incremental first cost and life cycle cost of two common building types », avril 2022.
(4) Pacific Northwest National Laboratory (PNNL) (2019). « Double or Triple? – Factors Influencing the Window Purchasing Decisions of High-Performance Home Builders », juin 2019.
La figure 1 montre les coûts différentiels de l'installation d'un générateur d'air chaud à haut rendement et de la mise en œuvre de mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment dans des localités représentant les six zones climatiques (ZC) canadiennes visées par le CNÉB. Comme le montre la figure 1, les coûts différentiels de l'augmentation du rendement des générateurs d'air chaud et de la mise en œuvre de mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment sont estimés à environ 13 $/m2 jusqu'à 35 $/m2. Comme prévu, les coûts différentiels des mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment sont plus faibles pour les bâtiments situés dans la zone climatique 8 parce que les coefficients U cibles sont les mêmes que les coefficients U déjà exigés pour les bâtiments situés dans cette zone climatique, ce qui signifie qu'il n'y a pas de coûts différentiels associés à l'isolation supplémentaire des murs et des toits ou à l'installation de fenêtres à haute performance. Pour les bâtiments situés dans la zone climatique 8 (Yellowknife), les seuls coûts correspondent aux coûts d'étanchéisation à l'air et aux coûts différentiels d'un générateur d'air chaud à haut rendement.
Améliorations de l'enveloppe du bâtiment (électricité)
Les mêmes mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment qui ont été appliquées aux cas de bâtiments chauffés au gaz naturel dans la section précédente ont été appliquées aux cas de bâtiments qui utilisent l'électricité comme type de chauffage principal. Le tableau 8 montre le pourcentage de bâtiments chauffés à l'électricité et ayant une enveloppe améliorée qui sont conformes aux différents niveaux de performance en émissions de GES. Comme le montre le tableau 8, les résultats indiquent que la performance en émissions de GES des cas évalués dépend fortement de l'intensité carbonique du réseau électrique auquel les bâtiments sont raccordés. Les mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment n'ont pas d'effet majeur sur les bâtiments raccordés à des réseaux à faible intensité d'émissions de GES, puisque la majorité de ces cas atteignent déjà le niveau de performance en émissions de GES le plus élevé (niveau A : pourcentage d'amélioration ≥ 90 %). Pour les réseaux à moyenne intensité d'émissions de GES, les mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment aident à augmenter le pourcentage de bâtiments qui sont conformes au niveau C (pourcentage d'amélioration ≥ 50 %), tout en réduisant le pourcentage de bâtiments conformes au niveau D (pourcentage d'amélioration ≥ 25 %). Le tableau 8 montre également qu'en Ontario, les mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment peuvent aider un petit pourcentage de bâtiments à atteindre le niveau B (pourcentage d'amélioration ≥ 75 %), tout en éliminant le pourcentage de bâtiments conformes au niveau D (pourcentage d'amélioration ≥ 25 %). Pour les réseaux à forte intensité d'émissions de GES, les mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment aident à augmenter le pourcentage de bâtiments qui sont conformes au niveau D (pourcentage d'amélioration ≥ 25 %), tout en réduisant le pourcentage de bâtiments qui sont conformes au niveau E (pourcentage d'amélioration ≥ 10 %).
Niveau de performance en émissions de GES opérationnelles | Pourcentage d'amélioration | Provinces et territoires (chauffage principal : électricité) | ||||||||||||
Faible intensité d'émissions de GES | Moyenne intensité d'émissions de GES | Forte intensité d'émissions de GES | ||||||||||||
C.-B. | Man. | T.‑N.‑L | T.N.‑O. | Qc | N.‑B. | Ont. | Î.‑P.‑É. | Yn | Alb. | N.‑É. | Nt | Sask. | ||
Niveau A | ≥ 90 % | 100 % | 100 % | 91 % | 100 % | 100 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau B | ≥ 75 % | 0 % | 0 % | 9 % | 0 % | 0 % | 0 % | 5 % | 0 % | 100 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Niveau C | ≥ 50 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 91 % | 95 % | 88 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 2 % |
Niveau D | ≥ 25 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 9 % | 0 % | 13 % | 0 % | 31 % | 81 % | 0 % | 98 % |
Niveau E | ≥ 10 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 69 % | 19 % | 0 % | 0 % |
Niveau F | ≥ 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Bâtiments non conformes | < 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % | 100 % | 0 % |
Les coûts différentiels des mesures d'amélioration de l'enveloppe du bâtiment pour les bâtiments chauffés à l'électricité sont semblables à ceux estimés pour les bâtiments chauffés au gaz naturel (section précédente) sans les coûts associés au générateur d'air chaud à haut rendement (1,29 $/m2).
La mise en application des exigences techniques proposées pour réduire au minimum les émissions de GES opérationnelles excessives nécessiterait des efforts supplémentaires de la part des autorités compétentes.
Un ensemble cohérent d'exigences techniques pour réduire au minimum les émissions de GES opérationnelles excessives à l'échelle du Canada contribuerait à l'atteinte des cibles de réduction des émissions de GES et des plans d'action climatiques provinciaux, territoriaux et fédéraux, y compris l'objectif du Canada de réduire ses émissions totales de GES de 40 % à 45 % par rapport aux niveaux de 2005 d'ici 2030 et d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050.
Concepteurs, ingénieurs, architectes, constructeurs et agents du bâtiment.